Ce titre simple et clair n’est pas de la rédaction de Perspektives, ni d’un syndicat amateur de surenchère, ni d’un parti politique de l’opposition, ni même d’un mouvement indépendantiste. Ce titre figure dans un rapport très sérieux et documenté publié par l’institut Thomas More en avril 2011 et fait écho aux analyses du Bureau d’études ouvrières créé en Guadeloupe.
Cet institut basé à Bruxelles analyse à dates régulières les réformes engagées par le gouvernement de Nicolas Sarkosy. Les dossiers de l’économie, de la formation, de l’emploi, de la fiscalité, de l’agriculture, des retraites etc. sont passés au crible et notés dans un baromètre destiné au décideurs économiques et politiques et aux médias. Au chapitre Outre-Mer sous le titre que nous avons repris ci-dessus voici en quelques lignes le regard porté par l’institut Thomas More : » Un constat décevant après les Etats Généraux censés apporter des réponses au malaise exprimé par la France d’Outre-Mer en janvier 2009: moins d’un tiers des mesures sont réalisées et plus de 40% sont en retard. On ne peut pas dire que le bilan de Marie-Luce Penchard soit brillant. » C’est bref, c’est sobre, c’est quantifié.
Il faut rappeler brièvement ce qu’est l’institut Thomas More pour comprendre d’o๠vient ce rapport. L’institut Thomas More a été fondé en 2004. C’est un « think tank », autrement dit un laboratoire d’idées . L’institut publie des rapports, des notes, des analyses sur les situations politiques, les tendances, les courants qui agitent le monde. Certes pas plus que les autres ce » think tank » n’avait prévu le printemps arabe, ni les indignés espagnols mais il se veut centre de recherche pertinent et relai d’influence efficace.
L’institut Thomas More tient son nom de l’historien, philosophe, homme politique anglais du XVIe siècle chancelier du roi Henri VIII qui renonça à sa charge et fut condamné à mort pour son refus de reconnaitre le pouvoir religieux que s’était attribué le monarque anglais lors de sa rupture avec Rome et la papauté. L’Histoire désigne Thomas More comme un européen qui contribua au renouveau de la pensée, il a été béatifié par l’église catholique en 1886. Bref, tout ça pour dire que l’institut qui porte son nom n’a rien d’un groupuscule gauchiste, dans ses rangs et parmi ses fondateurs figurent plutôt des banquiers, des hauts fonctionnaires, des industriels, même un amiral.
Ces précisions étaient nécessaires pour resituer dans son contexte le regard très critique que l’institut porte sur la manière dont la France gère ses départements dits d’outre-mer. L’intégralité du rapport est accessibles sur le site de l’institut – www.institut-thomas-more.org – nous en publions ici quelques extraits qui ne concernent pas seulement la Guadeloupe mais l’ensemble de l’outre-mer français.
Quant au développement d’une logique de pôle d’excellence alliant entreprises, laboratoire de recherche et universités en Outre-Mer, le dossier est classé en retard.
Si en perspective au travail réalisé par le très libéral institut Thomas More, notamment en ce qui concerne les prix et le pouvoir d’achat en outre-mer, on place les observations réalisées en Guadeloupe par le Bureau d’études ouvrières qui a entamé avec la préfecture une bataille de chiffres fort intéressante, on trouve des convergences sur le défaut de concurrence et les situations de monopoles.
Comme pressée par le temps et l’obligation de publier quelques résultats chiffrés la préfecture a fait état début juin d’une baisse de prix de 2,37% sur 60 produits. » Lesquels, interroge Alain Plaisir, président du BEO, en notant » qu’aucune publication de relevés mensuels n’a été diffusé depuis 2009 « .
Qu’en est-il aujourd’hui en Guadeloupe des situations de monopoles dans la distribution alimentaire relevée en 2009 par l’Autorité de la concurrence et dans le secteur de l’automobile ?
» Aucune pratique anticoncurrentielle n’a pu être mis en évidence en ce qui concerne la vente de pièces détachées auto » indique la préfecture. » Alors pourquoi les prix sont de 30 à 100% plus chers qu’en France » interroge encore Alain Plaisir. Expérience vécue : il est deux moins cher d’acheter des flexibles de freins avant chez un concessionnaire à Marseille et de se les faire envoyer par la poste que de les acheter à Jarry.
Dans son communiqué du 3 juin, la préfecture affirme que les prix sont librement déterminés par le jeu de la concurrence. C’est vrai lorsque la concurrence existe. Dans le cas contraire, la loi prévoit que lorsque la concurrence est limitée voire inexistante pour des raisons géographiques ou de monopole, l’ Etat peut/doit intervenir. Des lois existent donc pour établir transparence et équité dans l’établissement des prix, mais pour les faire appliquer il faut avoir le courage politique et la liberté de remettre en cause le pouvoir de groupes puissants et riches pour écouter la femme et l’homme de la rue et leurs préoccupations.
A suivre donc.