« La violence n’est pas un phénomène » en suspension » détaché de toute réalité » C’est ce que nous écrit un lecteur de Perspektives. Nous publions son texte qui s’interroge sur l’écart entre plan de communication et véritable action politique. Alors que la Guadeloupe vit une situation économique et sociale désastreuse:
– baisse vertigineuse de l’activité économique; accentuation du chômage;
– flambée des prix à la consommation, surtout les prix de première nécessité;
– régime fiscal inique dont la pression met en difficulté la plupart de nos collectivités; monté inquiétante de la pauvreté ( voir les craintes de la banque alimentaire de la Guadeloupe);
– disfonctionnement du système scolaire et éducatif.
Nos responsables politiques, sous la conduite du président de région, plutôt que de sensibiliser les Guadeloupéens sur l’importance de ces graves problèmes et de leur impact sur leur vie quotidienne, préfèrent prendre l’option d’un congrès des élus sur le thème de la violence et de l’insécurité. C’était le 7 novembre 2011, à Basse-terre. (1)
Sans minimiser l’intérêt qu’il y a à débattre d’une telle problématique, on peut penser que la méthode utilisée par le président de Région, n’est pas la meilleure. En effet, la violence n’est pas un phénomène » en suspension » détaché de toute réalité; elle découle directement de la dégradation progressive de la situation économique, sociale, politique et culturelle observée dans le pays.
D’autre par, la violence traverse toutes les sphères du corps social guadeloupéen gangréné par la dégénérescence d’un système qu’il faut combattre. Dès lors toute démarche de contournement qui évacue le lien dialectique existant entre le phénomène et ce qui le produit ne fait que stigmatiser défavorablement une frange de la population ( la jeunesse en l’occurence) qui n’en a vraiment pas besoin.
En outre organiser dans la précipitation la mobilisation de l’ensemble des élus de la Guadeloupe sur un tel sujet constitue un » non-événement » par rapport à l’ampleur de la tâche qui incombe à cette assemblée. Elle ne permet surtout pas à l’opinion publique citoyenne d’être informée en temps utile sur le contenu des documents préparatoires sousmis à l’analyse ( oubli de transmission).
Enfin, nous avons du mal à comprendre ce » délitement de compétence » de la part de la Région. Le président Lurel se positionnerait-il déjà comme ministrable dans un gouvernement socialiste ? Cela en mettant au pilori les véritables préoccupations des Guadeloupéens ?
L’avénement au pouvoir d’un gouvernement socialiste ne constitue aucunement une garantie quant à la résolution des problèmes fondamentaux du pays Guadeloupe. Donc la vigilance est plus que jamais de mise. Nous rappelons pour mémoire que la prise en charge de la violence et de l’insécurité relève de la compétence de l’Etat. Comment dès lors les élus guadelpoupéens peuvent-ils, dans le cadre départemental actuel, résoudre cette substitution à une prérogative qui leur échappe.
Les véritables enjeux sont donc ailleurs. Dans la nécessité urgente d’élaborer un projet concerté et cohérent de développement pour la Guadeloupe. Ils sont également dans le refus de l’intégration de la Guadeloupe à l’Union Européenne qui tangue dangereusement ces temps-ci et nous livre corps et âme à la mondialisation capitaliste. Ils sont enfin dans le soutien aux peuples du monde entier qui s’indignent et se soulèvent contre un modèle économique scélérat.
(1) Après le congrès sur la violence en novembre, un nouveau congrès des élus s’est tenu,les 8 et 9 décembre sur l’élaboration d’un projet de société pour la Guadeloupe. Lire le » Regard » Projet de société en temps de crise et des extraits de l’intervention de Alain Plaisir.