Terra Festival, festival guadeloupéen du film de l’environnement et du développement durable, fête cette année ses dix ans. Il débute cette semaine au Lamentin et sera présent dans onze communes de la Guadeloupe. Lors de sa première édition on y parlait déjà de la banane.
Terra Festival débute cette semaine au Lamentin, alors qu’on attend en Guadeloupe la décision de la préfecture autorisant ou pas la reprise de l’épandage aérien de pesticides par les producteurs de bananes. S’agissant d’un festival destiné « à sensibiliser le grand public aux risques qui pésent sur l’environnement et amener les Guadeloupéens à devenir les acteurs d’un développement durable et équitable, en utilisant le cinéma pour faire passer le message … » Le rapprochement de ces deux » actualités » est inévitable.
D’autant plus, si l’on se penche sur les archives de Terra Festival: en 2004, lors de sa première édition, ce festival initié par le parc national de la Guadeloupe avait à son programme un film sur la banane et ses maladies . Mais il n’était pas encore question de pesticides ni d’épandage aérien.
» La fin d’un régime », documentaire d’un réalisateur suisse mettait en garde contre la disparition possible de la banane cavendish » l’unique variété de banane industrielle cultivée partout dans le monde » attaquée par un » tueur impitoyable: la maladie de Panama. »
L’angle du film, en 2004, n’était pas la surabondance de pesticides utilisés pour combattre la maladie et, dégats annexes, l’empoisonnement des sols, mais la menace pesant sur la sécurité alimentaire de la planéte, » à laquelle contribue la banane qui nourrit des centaines de millions de personnes. »
La présentation du film concluait ainsi : » Les sommes engagées aujourd’hui dans le monde par la recherche scientifique sur la banane sont ridicules. Incomparables, notamment au co ût des études sur le blé. »
Le film prenait la défense de la banane, moins bien traitée par la recherche scientifique que des cultures de l’hémisphère nord. Les planteurs de bananes apprécieront.
En 2012, Terra Festival a abordé à nouveau la question de la banane par le biais d’un film de Frederik Gerten, Bananas racontant comment au Nicaragua, douze ouvriers de la banane ont assigné en justice la Dole Food, un géant de l’agro-industrie qui utilisait des pesticides interdits.
O๠en sommes-nous dix ans plus tard. Cultivée à l’échelle planétaire, la banane industrielle cavendish a survécu, mais elle est toujours attaquée par les maladies. On parle moins de la maladie de Panama, provoquée par un champignon du sol; mais on parle beaucoup de cercosporioses jaunes et noires d ûes à un champignon foliaire, présent lui aussi à l’échelle mondiale, partout o๠se trouve la cavendish.
Le combat contre ces maladies réclame toujours plus de pesticides et de produits chimiques à risques pour maintenir les tonnages et la production. La question se pose aujourd’hui : entre le maintien à tous prix d’une production agro-industrielle et les risques pesant sur l’environnement et la santé publique, quel choix faut-il faire ?
En Guadeloupe, un collectif s’est constitué pour interpeller les pouvoirs publics, les planteurs, la population et pour tenir un autre discours que celui, lénifiant, de » on ne peut pas faire autrement ». Affaire à suivre.
Le 10em festival du film de l’environnement et du développement durable de Guadeloupe se déroule du 12 au 22 avril 2013.
L’édition est placée sous la présidence d’honneur de Mme Lisiane Keclard-Christophe, ingénieur INSERM Guadeloupe.
TERRA FESTIVAL reçoit cette année plusieurs invités.
Pascale JOANNOT, Docteur en océanographie, Déléguée à l’Outre-mer au Muséum national d’Histoire naturelle, chef du projet de la rénovation des collections à la direction des collections ;
Jacques TESTART, directeur de recherche à l’INSERM, père scientifique du premier bébé éprouvette en 1982 ;
Alain ZECCHINI, biologiste de la conservation, journaliste scientifique ;
Emmanuel PERNOUD, journaliste et chef d’édition de l’émission » C’est pas sorcier » (France 3).
Agnès DENIS, réalisatrice
A noter: le 13 avril à 10h, la conférence de Jacques Testart, à la médiathéque du Lamentin et de 9h à 17h devant la médiathéque, marché bio, village des associations, foire culinaire.
le 16 avril à la médiathéque Paul Mado à Baie-Mahault vernissage de l’exposition » Retour au pays » sur la réintroduction du Lamentin dans le cul de sac marin.
Plusieurs soirées thématiques ont lieu dans les communes. (www.terrafestival.org)
Le TERRA FESTIVAL est présent sur 10 communes de l’archipel : Lamentin, Moule, Sainte-Anne, Gosier, Baie-Mahault, Petit-Bourg, Goyave, Gourbeyre, Sainte-Rose, Grand-Bourg de Marie-Galante.
Comme lors de la 9ème édition, le festival sera de nouveau présent dans les centres pénitentiaires du département au travers de l’opération » Le Terra dans les murs « .