Le collectif vigilance citoyenne et plusieurs organisations appellent à manifester à Pointe-à -Pitre, le 1er juin pour s’opposer à l’épandage aérien de pesticides sur la Guadeloupe. Nous publions leur texte de mobilisation et proposons ce parallèle : amiante, chlordécone, médiator et pesticides les mêmes mauvaises raisons, sous la pression de puissants lobbies, ont mené à des catastrophes sanitaires.
« C’est par paresse, veulerie, incompétence et peut-être autre chose … » que le médiator a obtenu les autorisations et qu’il est resté si longtemps à la vente. C’est ainsi que s’est exprimé cette semaine l’avocat de l’une des 700 parties civiles, devant la 15em chambre du tribunal correctionnel de Nanterre o๠comparaissaient les principaux responsables du laboratoire Servier. Pendant des années ( de 1976 à 2009) ce laboratoire a fait des bénéfices en vendant le médiator, un médicament présenté comme antidiabétique, mais à la nature anorexigène et amphétaminique dangereuse pour les patients. Selon les rapports d’expertise son absorption pourrait provoquer 220 à 300 morts à court terme et 1800 à long terme.
Tenter un parallèle ou une mise en perspective entre l’affaire du Médiator et celle des pesticides en Guadeloupe et en Martinique, n’est pas si absurde. N’est ce pas aussi par » paresse, veulerie incompétence et peut-être autre chose » que le chlordécone a été aussi longtemps utilisé sur ces deux territoires, avec les conséquences que l’on connait: mer et rivière polluées, pêche interdite, sols contaminés pour des décennies et impact sur la santé de la population.
N’est ce pas pour les mêmes raisons, associées à des intérêts économiques discutables, qu’une dérogation d’un an vient d’être accordée aux planteurs de bananes, pour pratiquer l’épandage aérien de pesticides ? La société civile en Guadeloupe est majoritairement opposée à cette pratique à risque mais le choix de l’Etat est net : tout pour protéger les intérêts de la banane d’exportation; rien pour tenir compte des doutes légitimes d’une large partie de la population.
Pour la première fois depuis que le collectif contre l’épandage aérien de pesticides, puis le collectif Vigilance citoyenne, existent en Guadeloupe, une manifestation est organisée à Pointe-à -pitre ( 1er juin à 9h, place de la Victoire) pour protester contre cette forme d’empoisonnement programmé. Les réunions, les entretiens, les échanges n’ont abouti à rien, donc la rue doit s’exprimer avant, sans doute, de nouvelles procédures en justice.
Le texte du collectif Vigilance citoyenne et des organisations signataires
» L’épandage aérien est interdit sur le territoire français par une directive europénne de 2009 dont les modalités d’applications sont précisées par la loi Grenelle 2 de 2010. Après 30 ans de chlordécone, l’enchaïnement scandaleux des dérogations accordées par les préfets successifs en Guadeloupe, comme en Martinique, au nom de l’Etat, rend cette mesure illimitée et ne révèle aucune volonté d’aboutir dans l’immédiat à des solutions plus respectueuses de l’Environnement.
C’est donc un crime qui se perpétue.
Les engins des groupements bananiers déversent sur nos têtes des tonnes et des tonnes de produits toxiques tandis que les Antilles consomment, par unité de surface, trois fois plus de pesticides qu’en France. Une pollution de plus toujours au service des mêmes!
Les responsables gouvernementaux se rendent complices de ceux qui, pour leur seul profit, continuent de mettre en danger la santé de nos populations en particulier celle de nos enfants.
C’est donc une attitude scélérate.
Nous ne pouvons plus longtemps tolérer que ces pratiques servant les intérêts d’une minorité fassent peser des menaces supplémentaires sur la qualité de nos sols, de la flore et de la faune, de nos cours d’eau et de nos eaux de mer déjà sérieusement pollués, sur l’avenir du tourisme dans nos îles.
Ils disent vouloir sauvegarder des emplois. Manti à manté ! Des milliers de travailleurs ont été déjà licenciés dans le secteur de la banane et demain, quand ça les arrangera, les planteurs n’auront aucun scrupule à poursuivre leur sale boulot. A l’heure actuelle, à cause des zones de pêche interdites, le chômage plonge dans la détresse un grand nombre de marin pêcheurs et jusqu’ici, l’Etat ne leur propose rien de concret pour les aider à se restructurer.
En Guadeloupe, quatre associations, regroupées au sein du collectif, sont allées en référé et ont obtenu l’annulation de la deuxième dérogation par le tribunal administratif. Mais le ministre de l’agriculture a fait appel de cette décision, prouvant d’une part, son soutien indéflectible au lobby bananier, et d’autre part son entière indifférence envers une opinion populaire largement opposée à la reprise de l’épandage aérien (87% selon un sonbdage France Antilles du 14 octobre 2012).
C’est donc une position injustifiable.
Nous appelons au sursaut citoyen de tous les hommes, de toutes les femmes et surtout de tous les jeunes. Ensemble mobilisons-nous pour le respect de nos droits; la sauvegarde de notre environnement; la préservation de notre santé et surtout de celle de la jeune génération; l’ouverture du procés du chlordécone !
Ensemble, luttons pour qu’un arrêt immédiat et définitif soit mis à l’épandage aérien de pesticides !
Jenn kon matrité doubout ! Konba déyé poko mannyé!
Soyons responsables et mobilisons nous le 1er juin. Rendez-vous place de la Victoire à 9h.
COLLECTIF VIGILANCE CITOYENNE CONTRE L’EPANDAGE AERIEN
– pour entrer en contact avec le collectif: contact@vigilancecitoyenne.org
LES SIGNATAIRES: Asfa – Iretra – ASSE – ONG Coedade – Envie Santé – Sos Basse-Terre environnement – Guadeloupe Nature environnement -11 secondes pour l’environnement – SNES FSU – CTU – CIPPA – Combat ouvrier – Parti de Gauche – PCG – Institut Rémy Nainsouta – Comité Abou Jamal – La Tyrolienne.
Le collectif contre l’épandage aérien et l’empoisonnement des Martiniquais soutient ce mouvement ainsi que des organisations extérieures aux deux îles. Parmi lesquelles figurent le syndicat Apiculteur Midi Pyrénée, Allassac ONGF,
Générations futures, Fédération nationale d’agriculture biologique et Agir pour l’environnement.