Pourquoi les ministres de passage en Guadeloupe vont-ils visiter le RSMA ( régiment du service militaire adapté) et les jeunes qui en relèvent plutôt que les étudiants de Fouillole, inscrits à ce qui reste de l’université Antilles-Guyane. Avec une vraie/fausse naïveté Teddy Bernadotte pose la question, à lui et à nous-mêmes. Oui, pourquoi ?
Observateur assidu des messes ministérielles, j’ai pu me rendre compte à quel point le RSMA est devenu en quelques années « The place To be ». Invariablement et avec une régularité de métronome. Chaque 6 mois, un ministre passe par la case RSMA, censé illustrer la réussite de la formation, en Guadeloupe. Loin de moi l’idée de remettre en cause cette vénérable institution. Partenaire des collectivités locales, je sais à quel point, l’action du RSMA est positive. Le législateur a d’ailleurs fait le choix d’étendre son existence au-delà de l’outre-mer.
Je m’interroge (naïvement) sur le fait qu’en pleine crise de l’UAG, de l’enseignement supérieur, de l’incertitude sur les moyens alloués à la recherche, de l’avenir des filières d’excellence comme la médecine, La Ministre de l’outre-mer, anciennement en charge de la réussite éducative, n’observe, lorsqu’elle passe par la Guadeloupe, une halte à l’Université, sur ses cendres ou sur ce qu’il en reste ?
Le RSMA est la « vitrine » récurrente qu’on présente aux ministres de passage. Pourquoi? Les formations proposées sont, certes, nobles et nécessaires. Elles offrent une seconde chance d’insérer avec succès des jeunes guadeloupéens.
Mais, c’est oublier que dans le même temps, sur le même territoire, il y a un autre public, les jeunes diplômés, sans moyens financiers importants, qui ne peuvent quitter le département. D’autres encore qui reviennent, diplômés d’écoles d’ingénieurs, d’écoles de commerce, ou de l’université qui souhaitent poursuivre leur cursus, leur formation dans une autre université (doctorat) ou dans une école de commerce (MBA) à l’étranger. Ne disposant pas de fortune personnelle, ils ne parviennent pas à réaliser leurs rêves.
Au moment ou le parlement européen adopte pour ERASMUS un budget en hausse de 40% par rapport au programme précédent, soulignant ainsi l’importance du rôle joué par l’éducation et la formation tout au Long de la vie, à travers l’organisation de la mobilité des jeunes en Europe. L’année dernière, ce sont 75000 personnes qui en ont bénéficié et les nouveaux objectifs fixés par la Commission européenne jusqu’en 2020 sont très ambitieux. Ils mettent en particulier l’accent sur les capacités des territoires d’investir la formation.
Aussi, le choix du RSMA, il y a quelques semaines, pour cette première visite ministérielle en Guadeloupe afin de traiter de la question de la formation peut interpeller.
On voudrait favoriser la fuite des jeunes chercheurs, des post-doc, des attachés temporaires à l’enseignement et à la recherche (ATER) qu’on ne s’y prendrait pas autrement.