Parler de tout dans la Caraïbe au-delà des hiérarchies sociales et raciales. C’est possible dit Eddie Marajo

Eddie Marajo, directeur de publication d’Historial, magazine consacré à l’histoire récente et lointaine de la Caraïbe, considére qu’il est possible de  » parler de tout » dans ces îles aux histoires chargées, car les changements générationnels sont rapides. Il tempère toutefois en disant que si les changements sont là, il faut faire attention aux  » sensibilités exacerbées » :  » ça change, mais c’est encore brûlant », précise-t-il.

Le magazine Historial que vous avez lancé en 2016 contient de longs entretiens ( JP Sainton, Louis-georges Placide, Luc Reinette etc …), des mises en perspectives sur l’histoire de la Caraïbe, une volonté d’éclairer plus que de conforter ou pas des vérités toutes faites. Pourquoi avez-vous ajouté aux activités d’Open-soft – « people, business et événementiel » – , ce magazine qui ne correspond pas, a priori, à l’air du temps qui est plutôt à la consommation, au superficiel et la perte de mémoire ?

Eddie Marajo : Notre cœur de métier est historiquement l’étude. Sur des marchés aussi étroits que ceux des Antilles-Guyane, nous avons choisi très tôt de diversifier nos activités autour du concept d’information. Les études menées auprès des publics de nos territoires indiquaient que la création de magazines à contenu qualitatif était de nature à intéresser une cible importante. Parmi les thématiques privilégiées, le business, le féminin et l’histoire arrivaient en tête. Au-delà, Historial est un projet personnel, vieux de plus de 10 ans, lié à ma passion pour l’histoire de nos pays.

Dans l’édito du deuxième numéro de septembre-octobre 2016, vous parlez de « prise de risques ». Après deux parutions, que pouvez-vous dire concernant ces « risques » , avez-vous eu des réactions , par exemple, sur l’écart qu’évoque Louis-Georges Placide entre « les besoins de la cause » et la réalité historique ?

E.M: La prise de risques est réelle dans des territoires exigüs, dans un contexte historique récent, où l’histoire se confond au quotidien avec un présent rempli de témoins et/ou d’acteurs encore en vie. Le risque de « confusion » est total entre « les besoins de la cause » et la « réalité historique » surtout pour une histoire aussi conflicutelle.

Pensez-vous qu’en 2017, en Martinique et en Guadeloupe, on peut parler de tout et partout – du passé, de l’Histoire, de couleur de peau, de racisme, de justice sociale, voire même de pesticides ( affaire du chlordécone) etc … – de manière décomplexée et sereine ?

E.M: Bien sûr, car les changements générationnels sont très rapides dans des sociétés aussi ouvertes au monde que sont les nôtres. Attention toutefois aux sensibilités exacerbées dans des univers encore largement dominés par des hiérarchies de classes sociales qui se confondent avec des hiérarchies raciales. Ca change mais c’est encore brûlant.

Quels sujets abordez-vous dans votre troisième numéro qui vient de sortir et sur quels sujets travaillez-vous pour les prochains ?

E.M : L’Historial 3 prend des risques… Il aborde l’histoire de la secte tueuse de l’ordre du Temple Solaire qui a volé et assassiné des martiniquais dans les années 80/90. Cette secte comptait parmi ses membres les plus influents de nombreuses personnalités locales appartenant aux sphères les plus aisées de la société martiniquaise. Ce numéro aborde également le meurtre du maire de Pointe-à-Pitre, Amédée Fengarol, les émeutes de Cayenne suite à l’affaire Jean Galmot, la révoltes des indiens Kunas contre les autorités panaméennes, celle des Caraïbes Noirs de Saint-Vincent contre l’armée anglaise,l’assassinat du dictateur Rafael Trujillo, etc. Autant de thématiques dont le niveau de notoriété parmi nos populations restre extrêmement faible.

Lancer un magazine papier, par les temps qui courent, est un vrai challenge, a plus forte raison sur un thème qui n’est pas des plus faciles, est-ce que Historial a trouvé un lectorat ? Comment est-il diffusé ?

E.M : Le modèle économique est performant. Historial est un succès et nous souhaitons remercier l’ensemble de nos lecteurs des Antilles-Guyane mais aussi de la diaspora. Il y a une véritable passion pour l’histoire chez des peuples dont l’histoire a été trop longtemps occultées.
Nous maîtrisons notre propre système de distribution à travers 200 points de vente sur les 3 territoires. Nous recherchons de nouveaux points de vente en Guadeloupe et en Guyane, donc les candidats sont les bienvenus mais nous sommes également à la recherche de contributeurs pigistes.

NDLR : Historial est un magazine de l’entreprise martiniquaise Open soft system ( open-soft.com) dirigée par Eddie Marajo dont les activités s’articulent autour de l’information et de la communication. L’entreprise édite des magazines sur les thèmes du business, des séniors, des  » people » etc … réalise des études et des sondages.

3 réflexions sur « Parler de tout dans la Caraïbe au-delà des hiérarchies sociales et raciales. C’est possible dit Eddie Marajo »

    1. Par chèque ou especes. Antil le Guyane 30e. France métro 45e
      Open soft système
      BP 7105
      97276 schoelcher cedex

  1. Bonjour,

    Sur quel site s’abonner et peut-on recevoir par courrier ce magazine ? Merci de votre réponse,

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