Nous publions une tribune de Alain Plaisir, président du CIPPA ( comité d’initiative pour un projet politique alternatif) sur le projet de traité commercial entre quatre grands pays sud-américains et l’Union Européenne. Ce traité qui a pour objectif de favoriser le libre échange pourrait submerger d’importations encore plus qu’il ne l’est un petit territoire comme la Guadeloupe, dont la masse critique n’est pas de taille à lutter contre la production des grands pays continentaux. Depuis plus de 10 ans le CIPPA milite pour un changement de statut qui permettrait à la Guadeloupe de protéger/soutenir ses productions locales et l’emploi.
« L’Union européenne a annoncé, vendredi 28 Juin, avoir conclu un projet d’accord commercial avec les pays sud-américains du Mercosur. Le texte doit permettre d’accroître les échanges commerciaux avec l’Amérique du Sud, en supprimant plus de 90 % des taxes entre les deux continents.
C’est un accord de libéralisation du commerce entre l’UE et quatre Etats d’Amérique latine : Brésil, Argentine, Paraguay et l’Uruguay. L’Union européenne supprimera 92 % des taxes actuellement appliquées aux biens sud-américains qui arrivent sur son sol, donc en Guadeloupe, PUISQUE NOUS SOMMES EUROPEENS.
Les pays du Mercosur obtiennent un accroissement des exportations de viande de bœuf, de volaille, de sucre et d’autres produits agricoles. L’UE ouvre son marché aux matières premières animales et aux produits agricoles sud-américains par le biais de quotas : 99 000 tonnes de bœuf par an à un taux préférentiel de 7,5 %, un quota supplémentaire de 180 000 tonnes pour le sucre et un autre de 100 000 tonnes pour les volailles. Donc en Guadeloupe, PUISQUE NOUS SOMMES EUROPEENS. Ainsi en plus du poulet venant de Pologne, nous aurons maintenant droit au poulet et au bœuf venant du Brésil. Consolons nous, nous aurons toujours un élu, qui ira négocier des fonds européens, pour les plans sociaux qui toucheront de nouveaux chômeurs guadeloupéens. Cécité intellectuelle et politique des élus guadeloupéens, qui ne voient notre intégration à l’UE qu’à l’aune des subventions européennes.
Mais comme les européens ne font pas de la philanthropie, l’accord leur permettra d’avoir un meilleur accès aux marchés automobiles sud-américains où les importations de voitures sont frappées de droits de douane à 35 %. L’accord éliminera également des droits de douane sud-américains encore très élevés dans d’autres secteurs industriels clés : dans l’habillement ou encore dans la chimie. Gagnant gagnant pour tout le monde, sauf pour les guadeloupéens.
Pour l’Union européenne c’est gagnant, puisque l’UE, en échange de quelques produits primaires et tropicaux qu’elle va acheter, trouvera un débouché pour ses produits industriels. Par contre la Guadeloupe qui n’a d’industrie sera durement concurrencée par les pays du MERCOSUR POUR SA PRODUCTION ANIMALE ET SON SUCRE. Encore un coup mortel pour notre production, avec sans aucun doute une augmentation du chômage
C’est ce que nous dénoncions du haut de la tribune du Congres des élus le 26 juin 2019 en affirmant :
« Le statut de région européenne de la Guadeloupe, axé sur son intégration à la logique du libre-échange ne lui ouvre aucune perspective de développement, au contraire, il la conduit à la destruction de ses activités productives. Ce statut de département d’outre-mer ne permet ni de construire une économie équilibrée, ni d’imaginer un modèle de société adaptée aux réalités de la Guadeloupe et aux capacités de notre peuple »