La controverse concernant l’implantation des radars tourelles en Guadeloupe a fait réagir un de nos lecteurs. Il juge cette cause bien » subalterne » au regard des problèmes que rencontre l’archipel. Et nous ne sommes pas loin de penser comme lui.
Joseph Ody a joint ces quelques lignes à son texte: « Collaborateur occasionnel de la revue et fidèle lecteur, j’ai passé plus de 13 ans à effectuer de manière quotidienne le trajet entre mon domicile à Port Louis et mon lieu de travail Basse Terre. Je pense donc avoir une certaine expérience des conditions de circulation en Guadeloupe. Je suis assez surpris – et le mot est faible – par le fait qu’une cause aussi subalterne fasse un si grand vacarme.
Enfin! Enfin une grande mobilisation populaire: plus de 15000 signatures sur une pétition en ligne, plusieurs manifestants motivés au Centre Sonis aux Abymes le 22 octobre.
Des parlementaires interpellent sans attendre toutes les autorités compétentes, de l’hyper Préfet jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Toutes les relations, connexions, carnets d’adresse, connivences dans les rouages du pouvoir sont mises à contribution.
Réjouissons-nous de cette hyper réactivité.
On n’attendra pas cette fois ci que Me DURIMEL et d’autres interpellent dans une quasi-indifférence, et pendant plusieurs années, les autorités ni qu’ils entament des procès qui se noient dans un océan de manœuvres dilatoires.
Finis les innombrables Plans, Colloques, Séminaires, Commissions et Comités Théodule destinés à nous balader et à noyer le poisson.
Enfin donc, le peuple se révolte, s’indigne et, à sa tête , en avant-garde, se placent tous les politiques qui comptent (ou qui espèrent compter)!
Une cause à la hauteur
Seule une grande cause peut susciter cette vague d’indignation. En effet, pour avoir une telle unanimité dans le sursaut, il faut une cause à la hauteur.
Nos libertés fondamentales, que dis-je, nos vies sont en jeu.
A l’évidence, il ne peut s’agir que du scandale absolu, du crime d’Etat que constitue le Chlordécone, l’empoisonnement des sols pour plusieurs siècles, l’imprégnation de la quasi-totalité des résidents sur le territoire par une molécule que l’on a sciemment déversé en Guadeloupe.
Mais, des informations complémentaires nous parviennent.
Le grand émoi en cours concerne en fait quelque chose de bien plus fondamental encore: l’installation de Radars Tourelles qui vont traquer – en plus du non-respect des limitations de vitesse – les dépassements en 3è, 4è voire en 5è position, le téléphone au volant, le non-respect des distances de sécurité, bref tout ce qui fait le charme si particulier de notre circulation routière. Charme meurtrier mais bon…
C’est intolérable, c’est inadmissible et cela mérite que nous nous mobilisions encore davantage.
L’objectif des 100000 signatures est à notre portée.
Faisons plier le gouvernement. Pas touche à notre folklore routier! Pour ce combat, nous avons besoin de toutes les énergies y compris de celles que proposent des éminences politiques qui, il y a peu, signaient sans sourciller des autorisations d’épandage aérien de pesticides sur des territoires déjà chlordéconés.
La révolte contre le Chlordécone attendra bien encore un peu. Après tout, la molécule est là pour quelques siècles. Nous avons donc l’éternité devant nous pour réagir vraiment.