Dans l’hexagone les régions ont été réformées en 2015 pour leur donner plus de poids économique et plus de visibilité à l’échelle européenne. En Guadeloupe rien n’a changé. Pour une population de moins de 400 000 habitants, le millefeuille politico-administratif perdure et pèse sur le développement de l’archipel. Les rouages de la région, du département et des communautés d’agglomération s’empilent et freinent plus qu’ils n’entrainent la dynamique dont a besoin le pays.
Le Cippa ( comité d’initiative pour un projet politique alternatif ) s’efforce depuis plus de dix ans de tenir un langage de vérité à l’écart des discours démagogiques et des solutions faciles. Cette position est difficile à tenir car elle se heurte à deux phénomènes qui minent la vie politique en Guadeloupe: le clientélisme et l’électoralisme. Clientélisme pour gagner un siège et électoralisme pour y rester, voire s’y accrocher sans objectif bien défini ni projet de développement réel pour sa commune ou son territoire. La lente décadence de Pointe-à-Pitre géré durant plusieurs décennies par le même clan au pouvoir est de ce point de vue un cas d’école.
Nous publions ci-dessous deux textes d’Alain Plaisir, président du Cippa, l’un sur les effets du millefeuille politico-administratif, l’autre sur le clientélisme et ses ornières. C’est à lire à quelques mois d’élections régionales et départementales, fixées à mars 2021. D.L
Alain Plaisir: « Le CIPPA MILITE POUR UN POUVOIR CENTRAL GUADELOUPEEEN DISPOSANT DES COMPETENCES DU CONSEIL REGIONAL ET DU CONSEIL DEPARTEMENTAL… »
La Guadeloupe est un archipel de 1628 km2 et de 398 000habitants, située dans la mer des Caraïbes à 7 000km de Paris et de Bruxelles.
Elle est à la fois un département français et une région européenne. A ce titre , elle a une organisation administrative calquée sur le modèle administratif français.
Jusque là , théoriquement rien de choquant.
Simplement , ce mimétisme est poussé jusqu’à l’absurde. Et cette absurdité ne semble choquée personne, à part les partisans de l’autonomie
Depuis la réforme territoriale validée le 15 janvier 2015 par le conseil constitutionnel, le nombre de Régions de France ( en Métropole) est passé de 22 à 13. Ainsi, les Régions de France sont nettement plus grandes et ont une population plus nombreuse. Cela permet de faire des économies d’échelle et de réduire les dépenses.
A titre d’exemple, la Normandie regroupe 5 départements et 2 310448 habitants, le Centre-Val d’Oise 6 département et 2 548 065 habitants, Rhône-Alpes, Auvergne 13 départements et 7 578 078 habitants, sans compter la région Ile de France avec 6 départements et 11 786 234 habitants.
En Guadeloupe, sur le même territoire, nous avons un seul département qui est aussi une Région.( qu’elle aberration ! )
Mais ce n’est pas tout, nous avons également 5 communautés d’agglomérations et une communauté de communes et 32 communes .
En résumé pour une population de moins de 400 000 habitants, nous avons :
1. 1 Président de région et une kyrielle de vices présidents
2. I Présidente du conseil départemental et une kyrielle de vice présidents
3. 6 Présidents d EPCI et une kyrielle de vice présidents
4. 32 maires et des centaines d’adjoints
5. Le tout chapeauté par un Préfet qui représente l’ ETAT
Evidemment, tous ces nombreux chefs sont jaloux de leurs prérogatives et s’appuient sur une administration pléthorique.
Tout cela prêterait à sourire, si ce n’était pas les mêmes contribuables ( dont le nombre a tendance à diminuer) qui paient des impôts pour satisfaire ces nombreux chefs et leur mégalomanie.
Décidément, l’assimilation n’est pas seulement dans le modèle administratif, elle est également dans nos têtes.
Il faut noter que la Martinique a déjà fait un pas en avant pour faire disparaitre cette absurdité en créant une collectivité unique à la place du département et de la Région.
CLIENTELISME ET ELECTORALISME interdisent tout langage de vérité
La Guadeloupe va mal, les conditions de vie ne cessent de se dégrader pour de nombreux
guadeloupéens : problème de l’eau , rare et quelquefois polluée, pollution des sols, embouteillage de plus en plus nombreux, sous fond de chômage massif et de vieillissement de la population.
Aucun de ces problèmes n’est en passe d’être réglé, ce qui n’empêche pas les politiciens professionnels, candidats à toutes élections de rivaliser de promesses qu’ils se savent incapables de satisfaire..
Qu’ils soient anciens ou nouveaux, ils n’ont qu’une stratégie pour arriver au pouvoir et s’y maintenir à n’importe quel prix. Pour cela ils utilisent deux méthodes qui ont fait leurs preuves pour des ambitieux sans scrupules :
– LE CLIENTELISME
Le clientélisme politique, comme le définit Anticor, repose sur un échange entre le « client » et l’élu pouvant être résumé de la manière suivante: « Tu me donnes et je te donnerais. »
C’est l’idée d’un pacte implicite s’inscrivant avec, d’un côté, un apport de voix et parfois une aide militante et, de l’autre, un emploi, un service ou encore une faveur : déclassement de terres agricoles etc.. Quitte à grever d’une manière irréversible le budget des collectivités.
Il ne faut pas s’étonner alors de l’état de délabrement du pays et des déficits de la très grande majorité des collectivités.
– L ELECTORALISME
L’électoralisme se caractérise par une orientation démagogique de la politique à l’approche d’une élection, où l’on prend soin de flatter l’électorat, de mentir et de masquer la réalité. Les positions et les programmes sont déterminés uniquement en fonction du gain électoral escompté. Nous l’avons vu aux dernières élections municipales, où la plupart des candidats voulaient « revitaliser le centre bourg » , d’autres affirmaient le pouvoir de faire couler l’eau avec abondance dans les robinets.
Certains ont même osé parler de « plan Marshall ».
Non, cette politique, ne peut conduire la Guadeloupe et les guadeloupéens qu’à la catastrophe.
Actuellement, la Guadeloupe a besoin d’un langage de vérité et d’une mobilisation du peuple autour d’un projet alternatif, où les femmes et les hommes épris de justice sociale et de l’amour de leur pays, apporteront leurs talents et leur générosité, pour une cause commune.
‘Certains ont même osé parler de « plan Marshall ».’
Donc certains savent que la Guadeloupe a besoin d’un plan Marshall. Le problème c’est qu’aucun élu ou organisme politique local n’a les compétences pour mettre en place ce genre de plan.