A l’écart du robinet à informations, du flux tendu et chaotique de la communication et des nouvelles nous traiterons des sujets décalés pour tenter de retrouver le sens des choses. Lorsque auprès de quelques connaissances et amis, nous avons évoqué l’envie de créer une revue en ligne qui alimenterait le débat de société en Guadeloupe, les réactions ont été plutôt bonnes, avec une restriction toutefois : « Vous savez ici, les gens ne lisent pas, à qui donc voulez-vous vous adresser ? » C’est un fait, les gens lisent peu et pas seulement en Guadeloupe. Mais est-ce une raison pour s’en satisfaire et ne rien faire. Comment organiser des idées, construire un projet, donner du sens à des événements et les dépasser sans l’écrit.
Pas un écrit s ûr de lui, péremptoire, mais un écrit qui chercherait à comprendre, à mettre les idées en perspectives, à poser les questions, à chacun ensuite d’associer les réponses qu’il estime bonnes, d’échanger, de croiser les points de vue. Bref nous ne voulons pas manipuler les idées à partir de convictions fragiles et contradictioires, mais plutôt les faire fructifier pour essayer de comprendre le monde complexe dans lequel nous vivons.
Pour cela,nous n’allons pas courir après l’actualité. Puisque tout va vite, nous allons prendre le temps de traiter des sujets, peut-être décalés, mais porteur de sens autant que le fluxs des événements et le robinet à information qui nous submergent. Dans un monde o๠tout va si vite o๠quelques uns contredisent sans gêne le lendemain ce qu’ils ont dit la veille, ce parti pris nous semble raisonnable. Le flux tendu ce n’est pas notre choix. Le notre serait plutôt de prendre le temps de lire, d’écrire tout comme nous croyons à la nécessité de prendre le temps de vivre.
Perspektives ne veut pas être une revue savante, faite par ou pour une petite chapelle de spécialistes enfermés dans un vocabulaire et des préoccupations détachés de la réalité et des préoccupations quotidiennes qui vont avec. Notre voeux est de nous s’adresser à ceux qui, comme nous, ont envie retrouver le sens des choses. Il n’y a pas de réponses toutes faites dans Perspektives, mais des pistes, des interrogations, des éclairages.
Pour ce premier numéro nous avons choisi de parler de Vélo et de Saint-John Perse. Est-il utopique de rapprocher le tambouyé noir habité par sa musique et le poéte blanc à » l’errance enracinée » en un même espace ? Les pages qui suivent sont faites pour ouvrir le débat. La revue Perspektives se veut ouverte, elle ne sera pas un espace réservé. Nous espérons que les contributions seront nombreuses pour appuyer cette démarche de compréhension et de réflexion. Nous remercions ceux qui nous lisent et nous lirons et nous les invitons à nous accompagner en adressant à la revue leurs remarques, leurs critiques, leurs idées.