L’utilisation de la chimie de synthése pour traiter les produits de l’agriculture n’est pas une fatalité. Ce n’est pas: ça ou rien, ça ou la ruine, ça ou la famine. Des alternatives existent. Germain Cantal, cheville ouvrière à Vieux-Habitants de l’IRETRA, nous a fait parvenir un texte dans lequel il évoque des alternatives mises en oeuvre avec succés en Australie et en République Dominicaine, pour traiter les bananiers contre la cercosporiose.
Nous diffusons ce texte sur Perspektives pour nourrir le débat et faire une place à une autre idée de l’agriculture. Moins intensive, moins tournée vers l’exportation peut-être, en particulier dans la cas guadeloupéen, mais plus soucieuse de son impact sur la terre et sur la santé des consommateurs.
Cette technique de traitement permet de protéger les cultures contre les différents ravageurs en privilégiant les luttes biologiques. Elle se pratique en utilisant divers organismes vivants que l’on appelle auxiliaires, et des phéronomes spécifiques par stratégie de piégeages et de confusion sexuelle.
La protection intégrée se caractérise par le maintien d’un équilibre entres les auxiliaires et les ravageurs non préjudiciable pour la culture protégée et ne vise plus l’éradication totale des nuisibles comme le font les luttes chimiques de synthése. On emploie comme auxiliaires des arthropodes ( insectes, acariens) des nématodes, des bactéries, des champignons entomopathogénes. Ils agissent soit par prédation, soit par parasitisme. La protection intégrée considére l’agrosystème dans son ensemble et nécessite plus de réflexion sur les cultures et d’anticipation.
En République Dominicaine, o๠les bananiers sont plantés dans les régions sèches, les planteurs ont utilisés avec succés la protection biologique intégrée pour combattre les ravages de la cercosporiose noire. Grâce à la Protection biologique, le pays a augmenté sa production de bananes biologiques: elle était de 2000 tonnes en 1993 et dépassait 60 000 tonnes en 2000. La République dominicaine est devenue le premier exportateur mondial de bananes biologiques.
Les manchons en plastique qui séparent les mains de chaque régime durant la période de croissance et limite la quantité de fruits abîmés et rejetés peuvent également inhiber la propagation de la cercosporiose noire.
Ces manchons accélèrent la maturation des fruits avant récolte en maintenant un microclimat plus chaud et plus humide autour du fruit en développement, ce qui joue contre la cercosporiose. De plus, les » couches » augmentent la productivité en ralentissant le cycle de rotation des cultures.
( sources: Richard Yudin 2003, Banana Forum)
Quatre variétés de bananiers (Yangambi Km5, Mysore, Ducasse et Kluai Namwa Khom) qui offrent une bonne résistance à la cercosporiose noire sont actuellement utilisées en Australie dans le cadre du remplacement des bananiers dans le nord du pays.
A la place des variétés sensibles, on plante des variétés résistantes telles que celles-ci pour créer une zone tampn visant à empêcher la cercosporiose de se diffuser depuis la Papouasie-Nouvelles-Guinée et le détroit de Torres vers les grandes zones de production commerciale situées sur le territoire australien au sud de Cairns.
Cuba utilise des hybrides de la FHIA, une variété de banane pour résister à la cercosporiose. A lire les conclusions en anglais sur : http://www.musalit.org/pdf/IN030278
Le Timorex Gold est un fongicide naturel à base d’huile essentielle de Melaleuca alternifolia ( l’arbre à thé, à ne pas confondre avec le théier) développé par Biomor, membre du groupe Stockton. Ce fongicide a été testé sur le vigne, le concombre, la tomate, la pomme de terre et la salade. Il est efficace contre le mildiou, l’oïdium, l’alternarias. Les essais réalisé à ce jour sur les cercosporiose noires du bananier annonce une efficacité comparable à celle des strobilurines et des triazoles. ( sources : Phytoma, mars 2011, n°642 page 18).
Les composants naturels contenu dans ce produit offrent plusieurs modes d’action sur les cellules fongiques et bactériennes.
On peut citer les effets du fongicide F20 contre la cercoporiose en particulier sur la bananier plantain (AAB) et le bananier (AAA). Pour en savoir plus: lire les conclusions sur: http://www.musalit.org/pdf/IN020026.
Pour compléter les exemples fournis par l’IRETRA on peut citer des expériences réussies d’agriculture intégrée. Dans les années 2000 en France hexagonale avec l’appui de l’INRA et des chambres d’agriculture de Picardie du blé d’hiver a été cultivé en protection intégrée. Les rendements à l’hectare de blé ont diminué par rapport à une agriculture consommatrice d’intrants et de produits chmiques de synthése, mais la marge brute des exploitants s’est améliorée grâce aux économies réalisées sur l’achat de ces produits.
Dans 9 cas sur 10 les exploitations agricoles ont dégagé des marges brutes supérieures ou égale à un itinéraire classique et la qualité du blé s’est améliorée. Moins d’intrants, plus de marge.
Les agriculteurs concernés ont du se remettre en cause, modifier leurs pratiques, prendre quelques risques pour passer d’une agriculture « raisonnée » à une agriculture intégrée mais ils ont eu la satisfaction par leur démarche de répondre à une attente de la société et d’être plus respectueux de la terre qui est leur outil de travail.