Pas de « all inclusive » ni de luxe à la Dominique, contrairement à Saint-Domingue. Notre ami Olivier, raconte un épisode « roots », chez Linton et Jasmine, dans leur gîte de Brandy manor. Rivière, plantation et maison en bardeaux, fraîcheur et verdure assurées.
Nous nous dirigeons vers Porstmouth aprés avoir roulé longuement depuis Pont cassé, quelques errements le long de la Layou river (magnifique détour), beaucoup de zones de travaux (ils vont énormément élargir la route), nous avons découvert un centre de l’île de la Dominique accueillant et désert, roulé sur le littoral nord, baigné dans « Chaudière pool ». Nous cherchons le « Brandy manor » pour y passer 2 nuits, quand selon la coutume locale le pick up devant nous s’arrête sans crier gare : madame téléphone. Je double, elle me rattrape, je me gare pour laisser passer, juste devant un écriteau défraichi peint en couleurs rasta: « Brandy manor guest house horse riding, hiking, boarding kennells ».
Une flêche peu explicite. Montre-elle la piste ou la suite de la route? Nous nous engageons sur une rampe fortement descendante, traversons la rivière. La piste défoncée traverse ensuite une décharge et se poursuit vers une géante flaque jaune à la profondeur inconnue. Lisa me propose d’aller sonder puis me supplie de faire demi tour. Direction Porstmouth.
Devant la rivière indienne les rastas sont très ennervés. Néanmoins personne ne connaît le « Brandy Manor » (comme d’hab). Retour à la flaque, heureusement un dominicais du coin nous rassure: c’est là et la flaque est navigable, il grimpe dans la voiture et nous arrivons devant la grille d’un lieu difficile à décrire. Une ferme avec 5 chevaux, poules, chiens enfermés qui aboient, plantation magnifique, case en bardeaux, rivière à 30m, dans le vert et la fraîcheur.
Nous sommes accueillis par Jasmine, anglaise, 1,50m, environ 65 ans, lochs jusqu’aux fesses, aboyant un anglais pour nous difficile à comprendre, concluant toutes ses phrases d’un rire en mitraillette et par Linton magnifique rasta dont le bonnet bouge quand il parle, 45/ 50 ans, le visage lisse et détendu.
Ce que j’ai appris sur Jasmine : elle va toujours mourir la semaine prochaine, » scoliose, chute de cheval, dos fracassé, grosse toux de fumeuse, dents manquantes, cuisinière hors pair, case faite entièrement sur place avec des bois locaux sur une ancienne exploitation forestière jadis tenue par les britanniques (restes de train, treuil, quantité de vieilles bouteilles) merveille de maison, déco de bois dans la masse, Marley partout, douche construite en coquillages et carcasses de crabes intercalées de blocs de corail.
Jasmine est aussi gardienne de chiens et chats (« boarding kennells »), ancienne championne de saut d’obstacle, dresseuse de chevaux, skipper d’un énorme bateau de vitesse pour des sorties de pêche au gros. A son actif également, un enregistrement (reggae?) sur comment changer de mec, d’ailleurs elle en est au moins à son deuxième rasta, sans compter tout ce qu’on a pas compris (elle parle vraiment très vite). Quant à Linton il vient de Ste Lucie.
« Linton c’est un vrai rasta qui vit dans la nature pas comme ceux qui font semblant en ville ». Il bosse sans arrêt, s’occupe du groupe électrogène assez capricieux, des chevaux, des plantations. On aura droit à une magnifique séance de toilettage puis de dressage dans le manège. Les poules tournent autour de la galerie et viennent pondre directement dans la cuisine dans une cagette prévue à cet effet. De plus (proximité de la rivière?) il ne fait jamais chaud. Tout n’est pas toujours aussi idyllique et Jasmine nous raconte les séismes « je croyais que c’était un camion qui arrivait, puis la terre s’est mis à faire des vagues » les cyclones, les dépressions tropicales « la rivière partout » toujours en se marrant à tout ce qu’elle dit. C’est passionnant bien qu’un peu fatiguant.
Nous perdons beaucoup par nos lacunes en anglais. Le lendemain ballade. Puis un tour au fort des Cabrits. Le fort est occupé par une messe en gospel , tout le monde en costard, très cool, on nous branche, très agréable.
Le soir nous rencontrons Linda qui organise des plongées, vie internationale, elle nous traduit (souvent en français) le charabia de Jasmine chez qui elle vient se ressourcer de temps en temps. Elle nous apprend qu’une bonne part de sa clientèle hors saison est représentée par des profs et des étudiants d’une fac de médecine américaine (Ross university) qui s’est délocalisée à Porstmouth ce qui explique pas mal du développement de la ville ainsi que les quelques « KFC » que nous avons croisés.
Le lendemain direction Roseau, par la route de la côte sous le vent sans intérêt par rapport à tout ce que nous avons vu. Fresh water lake et Boéri lake (bof). Galère d’hôtel sans intérêt.
Retour aux Trafalgar falls pour le bonheur de regarder tomber la pluie sur le mur végétal bien au chaud dans une baignoire d’eau soufrée avant de se jeter dans une baignoire froide puis de recommencer. Bonne ambiance. Puis levé trop tôt, tournons et retournons dans Roseau en attendant l’Express, qui nous raménera en Guadeloupe.