» La nostalgie et l’identité rassurent pour peu de temps encore, mais le monde bouge … » Dans ce monde qui évolue à grande vitesse, la Guadeloupe est travaillée par des forces et des événements qu’elle ne maîtrise pas forcément, comment dans ce contexte imaginer un » projet guadeloupéen » qui lui soit propre. Dominique Domiquin donne son opinion.
Ayant pris connaissance des trois documents publiés, synthéses des consultations sur le projet Guadeloupéen, je tenais, après avoir salué le travail et le sérieux de tous ceux qui se sont impliqués aux côtés de M. Jacky Dahomay et de Mme Delile Diman-Anténor -je sais que ce ne fut pas facile et la qualité du travail est manifeste, quoi qu’en disent les bougons- je tenais donc à préciser que je n’ai pas participé à l’aventure parce qu’il me semble qu’après :
– 1992 à 1993 Le Traité de Maastricht.
– 1999 Antilles-Guyane : Déclaration de Basse-Terre autonomiste de Lucette Michaux-Chevry, Alfred Marie-Jeanne et Antoine Karam (leurs peuples sont-ils d’accord ? Ont-ils saisi les enjeux ? La classe politique est-elle consciente de la manière dont nos peuples la perçoivent ? Bref !). France Hexagonale : Loi mémorielle Taubira reconnaissant les traites et esclavages comme crimes contre l’Humanité.
– 2003 Le « chat an sak » populiste et la peur de l’autonomie (vécue par les Antillo-Guyanais comme l’antichambre de l’indépendance) conduit par référendum au rejet de l’Assemblée Unique (résiduelle de la déclaration de Basse-Terre). Victoire du PS de Lurel (qui se venge au passage d’anciens accords putassiers o๠Larifla et LMC se partagèrent comme un gâteau Région et Département au mépris des électeurs, un épisode que personne n’a oublié en Guadeloupe). Début de l’ère Lurel ; fin de l’ère LMC.
– 2004 Grèves longues et dures dont la Guadeloupe se relève encore aujourd’hui. La même année, un séisme de magnitude 6.3 (le plus important enregistré dans l’arc Antillais depuis des décennies) fait de graves dégâts aux Saintes. (07h41 locale avec des blessés et un mort à Trois-Rivières).
– 2007 La crise des subprimes affecte gravement l’économie mondiale et les prix (la
Guadeloupe est dans le monde depuis toujours). Martinique, le 29 novembre à 15h. Séisme largement ressenti dans toutes les îles, et même à Miami et Cayenne. Sa magnitude : 7.3, SOIT QUINZE à VINGT FOIS PLUS FORT que celui d’Haïti (M= 7.0). Notre chance fut que ce séisme s’est produit assez « loin de nous » (150 km juste sur l’axe Martinique/Dominique).
– 2008 Troisième choc pétrolier et flambée des cours. Mobilisation en Guyane contre la cherté de l’essence.
– 2009 Election d’un Noir à la présidence des USA. Guadeloupe : échec (selon moi) du LKP noiristo-maoïste de Domota-Clavier-Gama (et…) ; et échec (selon moi) des Etats généraux de l’ultra libéral blanchiste Sarkozy.
– 2010 Martinique et Guyane : Référendum du 10 Janvier, victoire écrasante du NON à
l’article 74 (pseudo autonomie). Haïti : 12 Janvier : Séisme cataclysmique causant 230 000 morts, 300 000 blessés et 1, 2 millions de sans-abris. Montserrat : 5 Février : éruption du volcan Soufrière Hills dont les cendres finiront par recouvrir la Guadeloupe. Guadeloupe : 14 mars : Réélection dès le 1er tour des Régionales de Victorin Lurel (PS), unique candidat farouche opposant aux autonomistes et indépendantistes leaders du LKP.
– 2011 Japon : Séisme de magnitude 9 et catastrophe nucléaire de Fukushima. Nul n’en parle plus depuis comme si tout était réglé. Cet évènement nous a fait basculer dans un autre monde.
– 2012 Europe : Les agences de notation retirent à la France son AAA. François Hollande (PS) est élu Président de la République. Un parti néonazi fait son entrée au parlement Grec.
Caraïbes : Sans noirisme, sans maoïsme-marxisme-léninisme-polpotisme-FLNismecastrisme, sans révolution, sans grèves, sans bruit, sans misérabilisme, sans haine recuite et vaine ; Saint-Barthélemy, île française des Petites Antilles devient une Collectivité d’Outre-Mer (COM) au sens de l’article 74 de la Constitution. Avant cette date, elle était une commune et un arrondissement dépendant du département de la Guadeloupe … Aujourd’hui cette île est un PTOM. Et ça, ça nous crèvera toujours les yeux quelles que soient nos postures dédaigneuses ou boursouflées.
Ma conviction profonde est qu’un projet de société ne se décrète pas. Ma conviction profonde est un qu’un cadre politique n’est pas censé être un fétiche. Notre société est constamment travaillée par des forces politiques et réagit au mieux de ses intérêts. Toute la vérité gît là , bêtement, quoi qu’on en dise. Nos politiques, depuis 1848 nous ont durablement donné des motifs pour que nous ne leurs fassions pas confiance. Parmi nos politiques, j’inclus les indépendantistes, nationalistes, y compris les révolutionnaires « anti-système ». Renvoyer tout ce monde dos-à -dos n’est pas une pirouette. C’est, là encore, l’expression vraie de ma conviction profonde.
Le monde bouge vite, l’inquiétude grandit, la nostalgie et l’identité rassurent pour peu de temps encore mais les réalités économiques persistent. Quant à moi, j’ai la chance de pouvoir émettre des avis grâce à ma plume. Je crois contribuer par là , régulièrement, comme tous ceux qui s’expriment d’une façon ou d’une autre dans ce pays, quelles que puissent être leurs obédiences idéologiques respectives, à une opinion guadeloupéenne libre et dynamique. C’est là que tout commence et c’est ce qu’il nous faut impérativement encourager, surtout chez les « jeunes » et les non universitaires