Une semaine avant mardi gras et le mercredi des Cendres, en plein carnaval aux Antilles, Alain Hugues-Despointes est réhabilité par la justice pour sa condamnation en juin 2011 pour apologie de crime contre l’humanité. Coïncidence ? Nous publions ci-dessous les propos tenus par Hugues-Despointe en 2009 et des extraits des attendus de la cour de cassation, ils se suffisent à eux-mêmes.
» Les historiens exagèrent un petit peu les problèmes », a dit à la télévision M Despointes. » Ils parlent des mauvais côtés de l’esclavage, mais il y a les bons côtés aussi. C’est là o๠je ne suis pas d’accord avec eux. Il y a des colons qui étaient très humains avec leurs esclaves, qui les ont affranchis, qui leur donnaient la possibilité d’avoir un métier », et » Quand je vois des familles métissées, enfin blancs et noirs, les enfants sortent de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie. Il y en a qui sortent avec des cheveux comme moi, il y en a d’autres qui sortent avec des cheveux crépus, dans la même famille avec des couleurs de peau différentes, moi je ne trouve pas ça bien. On a voulu préserver la race »
Vu la loi du 21 mai 2001 ( ndrl : dite loi Taubira, actuelle garde des Sceaux du gouvernement Hollande)
– Attendu que si la loi du 21 mai 2001 tend à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, une telle disposition législative, ayant pour seul objet de reconnaître une infraction de cette nature, ne saurait être revêtue de la portée normative attachée à la loi et caractériser l’un des éléments constitutifs du délit d’apologie ;
– Attendu qu’il ressort de l’arrêt attaqué et des pièces de la procédure que M. Huygues-Despointes a été renvoyé devant le tribunal correctionnel des chefs d’apologie de crime contre l’humanité et de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale, sur le fondement des dispositions des articles 1er de la loi du 21 mai 2001 et 24, alinéas 5 et 8, de la loi du 29 juillet 1881, à raison des propos , diffusés le 6 février 2009 au cours d’une émission de télévision de la chaîne Canal Plus Antilles et sur le site internet Megavideo.com (…); lequel tribunal correctionnel a retenu à rencontre de M. Huygues-Despointes le seul délit d’apologie de crime contre l’humanité à raison des premiers propos poursuivis, le relaxant pour le surplus ;
– Attendu que, sur les recours du prévenu, du ministère public et de l’association SOS Racisme, partie civile, la cour d’appel, statuant par motifs propres et adoptés, a confirmé le jugement entrepris sur la culpabilité ;
– Mais attendu qu’en décidant ainsi, la cour d’appel a méconnu le texte susvisé et le principe ci-dessus rappelé ;
– D’o๠il suit que la cassation est encourue de ce chef ; que, n’impliquant pas qu’il soit à nouveau statué sur le fond, elle aura lieu sans renvoi, ainsi que le permet l’article L 411-3 du code de l’organisation judiciaire ;
Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu d’examiner les moyens de cassation proposés :
– casse et annule, en ses dispositions relatives au délit d’apologie de crime contre l’humanité, l’arrêt susvisé de la cour d’appel de Fort-de-France, en date du 30 juin 2011, toutes autres dispositions étant expressément maintenues ;
– dit n’y avoir lieu à renvoi ;
— ordonne l’impression du présent arrêt, sa transcription sur les registres du greffe de la cour d’appel de Fort-de-France et sa mention en marge ou à la suite de l’arrêt partiellement annulé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre criminelle, et prononcé par le président le cinq février deux mille treize ; En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et le greffier de chambre ;
Pour compléter cet arrêt, comme un écho venu de la nuit de l’histoire, nous ajoutons ci-dessous, ce texte mis en ligne par un site martiniquais (www.assemblée-martinique.com). Il est anonyme, écrit sans doute au nom de cette humanité qui se cherche et a du mal à se trouver, nous avons trouvé ce texte juste et beau.
Voici donc:
« Le peuple de « mauvais sommeil rompu » et de « cauchemars domptés » peut se rendormir tranquillement à la veille d’un nouveau carnaval, le sien, quatre ans après le documentaire « Les derniers maîtres de la Martinique ».
Ce n’était qu’un mauvais rêve, les propos rendus publics d’Alain Huygues Despointes n’ont rien de condamnable. Il n’y a jamais eu apologie d’un quelconque crime contre l’humanité, et d’ailleurs lequel ? La théorie de la race supérieure va bien, l’esclavage n’est qu’un lointain souvenir, ni bon, ni mauvais, les nègres sont des enfants pour les uns et des adultes pour les autres, l’harmonie d’une famille métissée est parfaitement contestable à la télévision.
Que de lois inutiles, le congé ne sera pas dépêché ni aux traîtres ni aux maîtres qui croulent sur les subventions européennes, pour la terre qui ne sera ni lavée d’empoisonnement, encore moins donnée.
La ligue contre le Racisme, partie civile, mord la poussière. Les Martiniquais sont toujours des rachetés de la République Française contre une obole versée aux maîtres en 1848, en trahison du rêve de la Déclaration Universelle, pas de « pain restitué », ni de « déroute mercenaire », la fête, loin d’être finie, bat son plein. Cent ans après la naissance d’Aimé Césaire, M. Alain Huygues Despointes est relaxé par la Cour de Cassation. Joyeux Anniversaire. »