Trump est menteur et mauvais perdant. Le quotidien américain New-york Times a rendu compte à la mi-décembre de l’une de ses dernières réunions à la Maison Blanche : l’un de ses dévoué et aberrant alliés , Michael Flynn, aurait proposé tout simplement le recours à la loi martiale pour annuler et » refaire les élections ».
Même dans son camp cette proposition surréaliste a soulevé de graves inquiétudes, tandis que Trump, indique le journal » a jugé l’idée intéressante« . Intéressante peut-être mais impossible à mettre en oeuvre !
Trump est doté d’une pensée binaire, simplificatrice voire réductrice, toxique mais efficace pour séduire parmi les foules celles et ceux qui préfèrent les idées simples et fausses à la complexité et à la diversité du monde.
Cet homme a été président durant quatre ans du pays le plus puissant de la planète. Il a été battu. Son passage à la Maison Blanche relève à la fois du grand guignol et de l’affaissement des valeurs qui fondent la démocratie. Cet homme pourtant a été élu – et battu – démocratiquement par le » peuple américain ».
Le 21 janvier prochain, ce président quittera ses fonctions, mais l’Amérique celle qui l’a élu et celle qui l’a battu sera toujours là, clivée, coupée en deux, bipolaire . Un même pays qui passe d’Obama à Trump puis à Biden quel sens cela a-t-il ?
Deux électorats aux idées et préoccupations différentes
Et cela a-t-il un sens d’ailleurs ?
Un sondage du Pew research center (1) sur les préoccupations des électeurs des deux camps est à ce titre édifiant. Les deux camps de cette Amérique coupée en deux (80 millions de voix pour Biden et 73,9 pour Trump) ne sont d’accord ni sur la priorité des problèmes auxquels le pays doit faire face, ni sur les solutions à apporter.
La question raciale divise le pays , et, selon les analystes du Pew Center, l’écart se creuse. 74% des électeurs de Biden considèrent qu’il est plus difficile d’être noir aux USA que d’être blanc, sentiment partagé seulement par 9% des électeurs de Trump.
59% des électeurs de Biden estiment que les Blancs bénéficient de plus d’avantages que les Noirs aux USA alors que seulement 5% des électeurs de Trump le pensent. Le grand écart.
Dans un contexte plus que sensible après l’affaire Georges Flyod, puis le meurtre à Minneapolis d’un homme arrêté par la police, 76% des électeurs de Biden affirment que les inégalités raciales comptent dans leur vote, contre 24% chez Trump.
Sur la question de la covid ( plus de 320 .000 décès aux USA et une gestion de la pandémie assez discutable) 82% des électeurs de Biden déclarent que la question du virus a été importante pour leur vote contre 24% pour les électeurs de Trump.
Le changement climatique divise tout autant les deux camps. Les électeurs de Trump placent cette question au dernier rang de leurs préoccupations. 68% des électeurs de Biden affirment que cette question a influé sur leur vote et seulement 11% dans le camp Trump.
Les deux électorats se retrouvent uniquement sur les questions d’économies : 84% des électeurs de Trump s’en soucient et 66% des électeurs de Biden.
Le malaise profond, sera-t-il durable ?
Ces oppositions sur les valeurs et les orientations fondamentales du pays ont créé un malaise tout au long de la campagne; aggravées par l’absence de fairplay du perdant, ses mensonges et ses provocations . La démocratie déjà fragilisée partout sur la planète, remise en cause par ceux qui critiquent la » bonne conscience » occidentale, ne sort pas grandit de cette passe d’arme, voulu par Trump et par sa stratégie qui consiste à désigner « fake news » tout ce qui s’oppose à lui.
Le malaise sera-t-il durable et le déclin américain est-il entamé ?
On peut constater que la santé mentale et politique du pays a survécu a quatre ans de Trump. Ce qui n’était pas acquis d’avance tant les manipulations, les mensonges et les coups bas se sont multipliés durant ce mandat et cette campagne. Au final, la victoire de Biden n’est pas un raz de marée, mais il gagne. Il est l’un des présidents américains le mieux élu avec 80 millions de voix, des électeurs qui ne votaient plus se sont déplacés pour mettre un terme à la présidence Trump, en particulier dans les communautés hispanique et afro-américaine. On peut y voir un signal positif, dressés contre les suprémacistes blancs.
A ce jour les institutions du pays tiennent : les troubles, voire les affrontements provoqués par les plus radicaux du camp Trump, espérés par les uns, crains par les autres, n’ont pas eu lieu. Mauvais perdant, narcissique plus ou moins pervers, Trump devra quitter son fauteuil le 22 janvier et s’il ne salue pas la victoire de Jo Biden, ni serre la main de son adversaire et vainqueur – tradition en démocratie – la honte sera pour lui.
NDLR
(1) Le Pew Research Center est une institution américaine indépendante qui informe sur les questions politiques et sociales à partir de sondages, d’analyses démographiques, de recherches en sciences sociales. Le Pew research a pour objectif d’établir des éléments et des faits les plus objectifs possibles pour alimenter et éclairer le débat public.
Pour accéder au Pew research :