Une info qui circule sur les réseaux sociaux, un ami qui vous envoie un WhatsApp, un moment d’inattention et hop c’est parti. Le mois dernier, notre site a succombé pour ne pas avoir été assez « veyatif » a une information qui sans être fausse a subit un déplacement, qu’on pourrait qualifier de spacio-temporel. Au mois de juin nous avons publié un article sur l’affaire Semsamar. Deux dirigeants de la société placés en garde à vue et sous contrôle judiciaire pour détournement de fonds publics etc … L’information n’est pas fausse, mais elle est ancienne. Trop ancienne pour ressortir ainsi à quelques jours des législatives, lancée par des personnes ayant des arrières-pensées politiques.
Voilà l’intox ! L’information a circulé sur les réseaux sociaux et elle a été utilisée, par erreur, comme s’il s’agissait d’une actualité. Nous nous en excusons auprès de la Semsamar.
Cela étant, les informations contenues dans l’article et les éléments sur la Semsamar n’étaient pas faux, l’affaire n’est d’ailleurs pas close. C’était inopportun seulement à quelques jours d’un scrutin.
« Fake news » d’Etat et « fake news » à domicile
Cette erreur nous a amenés à réfléchir un peu sur le phénomène des » fausses nouvelles » – fake news – qui prolifèrent sur le web.
Qu’en est-il vraiment ? Nous sommes arrivés à cette conclusion – provisoire sans doute – que la nouveauté, au 21em siècle, est en fait dans la capacité donnée à tout un chacun – grâce à internet – de fabriquer des fake news à domicile en quelque sorte, avec les moyens du bord, alors qu’avant il fallait être un Etat, un grand média, une puissance politique, sociale ou économique pour en fabriquer.
Le coup des » armes de destruction massive » de Bush pour déclencher la guerre en Irak contre Saddam Hussein est l’une des plus » belles et dramatiques » fake news » du 20eme siècle. Elle a marqué le début du démantèlement d’un pays, l’Irak, la déstabilisation de tout le Moyen-orient et même peut-on ajouter, elle a porté en germe la naissance de Daesh.
On pourrait citer des dizaines d’exemples, parfois moins dramatiques de » fake news » d’Etat qui ont jalonné l’histoire du monde. L’Union soviétique a été championne dans le genre, faisant apparaître ou disparaître les » héros du peuple », même en photographie, selon » les besoins de la cause » et surtout pour maintenir le pouvoir en place et les paranoïaques qui le représentaient. Mais comme nous le savons et c’est rassurant, l’Union soviétique n’a pas duré.
On peut espérer donc qu’il sera toujours possible, avec ce qu’il faut de bons sens et de goût de la vérité, de résister au « fausses nouvelles » ou de les corriger.
Titanic …
Pour finir, l’exemple d’une énorme » fake news » publié le 16 avril 1912 à la une du Petit journal, un quotidien parisien dont le tirage en 1895 approchait les deux millions d’exemplaires. C’était deux jours après que le Titanic heurte un iceberg dans l’Atlantique nord. Avec photo à la une le quotidien annonçait que le bateau avait coulé mais que les passagers et les membres d’équipage avaient tous été sauvés. Alors que 1502 personnes ont péri ce jour là et seulement 705 rescapés. Est-ce une méprise, une erreur ou bien le journal a-t-il été » intoxiqué » par l’armateur qui a tenté de minimiser le drame, car le naufrage de son plus beau paquebot était pour lui, une double, triple, quadruple catastrophe dans la catastrophe.