Le 1er janvier 2018, la Corse, qui n’a plus le statut de département français, deviendra collectivité de Corse et non plus collectivité territoriale de Corse à statut particulier. Cette évolution n’est pas seulement sémantique, elle s’accompagne de élargissement de l’autonomie et des responsabilités que les Corses eux-mêmes prendront en charge.
La mondialisation galope, la Terre plus que jamais est un village dans lequel on circule en quelques heures d’un bord à l’autre et des peuples minoritaires sur la planète, cachés dans les replis de l’histoire ou bien vivant sur des îles à l’écart des continents, aspirent à plus d’autonomie et d’indépendance. Est-ce si paradoxal ?
Avec plus ou moins de bonheur et de réussite, citons les Ecossais, les Catalans, dans un contexte plus sensible et plus guerriers, les Kurdes qui expriment leur désir à se gérer eux-mêmes. En 2018, terme des accords de Matignon la Nouvelle-Calédonie devra choisir par référendum : statut quo, autonomie ou, plus radical, séparation avec la France et indépendance.
Ces mouvements quelques fois surprennent: Les écossais ont des velléités de se séparer du Royaume-uni tout en restant européens, tandis que le Royaume-Uni, par le Brexit a semblé dire qu’il voulait prendre ses distances avec l’Europe.
De même à Barcelone, les Catalans veulent en même temps, se séparer de Madrid et se rapprocher « en direct » de Bruxelles et de l’Europe. Ainsi des lignes bougent, parfois dans la confusion et l’indécision, mais elles bougent. Les décisions les plus radicales sont difficiles à prendre quand les séparatistes sont au pied du mur et les populations plus mesurées. On le mesure à Barcelone.
Cela pour en venir à la Guadeloupe et ses habitants qui, lorsqu’ils ont eu à s’exprimer, ont toujours choisi le statut quo départemental, ce qui n’empêche pas l’archipel d’être parcouru de courants, autonomistes et indépendantistes, minoritaires en nombre de voix, mais présents dans le paysage politique et social. Le principal syndicat, l’UGTG ne cachant pas sa posture indépendantiste.
Le statut quo peut-il encore durer ici, comme ailleurs ?
Le 21em siècle sera peut-etre celui des changements. Il est aujourd’hui possible de parler de ces questions sans brandir forcément les étendards idéologiques, ni poser des bombes. De ce point de vue les Basques et les Corses ont ouvert une voie. Ainsi au dogme indépendantiste radical s’est substituée une approche politique et progressive de cette question sensible.
Curieusement l’Europe tant décriée, peut aider à faire bouger les lignes dans les relations entre la France jacobine, centralisatrice, et ses départements d’Outre-mer.
D’autres régions insulaires et européennes, comme la Sardaigne, la Sicile, les Açores bénéficient de statut d’autonomie tenant compte de leurs spécificités géographiques et historiques. En 2017, le cas français de gestion de territoires éloignés, calqué sur le modèle national va finir par paraître » d’une autre époque ».
Le nouveau gouvernement semble engager la réflexion – une de plus – sur le statut et la liberté d’organisation au sein de la communauté nationale. Aura-t-elle plus d’effet que les très stériles » Etats Généraux » d’après 2009 ? C’est à voir.
La visite, plus mouvementée que prévu d’Emmanuel Macron en Guyane confirme cette impression. Lorsque le président de la République évoque de » nouvelles relations entre la Guyane et la métropole, » que veut-il dire et que cela implique-t-il pour les autres territoires français de la Caraïbe ?
Revigorer les énergies
Le 4 novembre prochain le Cippa – comité d’initiative pour un projet politique alternatif – organise un colloque à Baie-Mahault en Guadeloupe sur la nécessité d’un pouvoir autonome guadeloupéen (1).
Depuis plusieurs années, le Cippa milite pour une alternative crédible et opérationnelle au statut de département. A ce jour une grande majorité de Guadeloupéens n’est pas réceptive à ce discours, mais le président du Cippa, Alain Plaisir, est tenace et croit l’autonomie possible : « Au moment où semble se dessiner une refondation hier encore imprévue de la vie politique française, notre mouvement, le CIPPA veut dégager une conscience collective à partir d’interventions de représentants des principaux groupements économiques, des milieux sociaux, des formations politiques, des associations sur le thème de la nécessité d’un pouvoir guadeloupéen autonome. »
Un pouvoir autonome pourquoi faire ?
« Pour revigorer les énergies, répond Alain Plaisir, « développer l’esprit de responsabilité en vue de produire de la richesse, de conquérir au plan économique un marché intérieur en faveur de la promotion agricole, commerciale ou artisanale, donc de la promotion du travail et de l’emploi. Toutes choses rendues aujourd’hui impossibles du fait de notre assujettissement à des normes dictées par des forces extérieures dominantes qui mettent nos intérêts particuliers au second plan. »
L’objectif de ce mouvement est de sortir l’archipel guadeloupéen d’une économie assistée qui repose en grande partie sur les transferts sociaux, les importations massives et la fonction publique au détriment des productions et initiatives locales. Est-ce encore possible à ce stade de développement, alors que les modèles de consommation et les modes de vie calqués sur les grands ensemble continentaux sont ancrés ? Le colloque du Cippa tentera d’apporter une réponse.
Comment cela se passe-t-il ailleurs ?
Rien n’est comparable et les archipels ont chacun des histoires, des géographies et des potentiels différents. Mais sortir de son périmètre, observer ce qui se passe ailleurs est toujours enrichissant.
Il est donc un archipel au milieu de l’Atlantique, les Açores, au-dessus duquel les Guadeloupéens passent régulièrement en avion lorsqu’ils vont à Paris, mais qu’ils ne connaissent pas ou peu.
Cet archipel est composé de neuf îles et peuplés de 250 000 habitants, portuguais mais bénéficiant d’un statut d’autonomie assez large. Ce que les açoriens arrivent à faire sur leur petit territoire compliqué à gérer, est assez étonnant. Certaines îles sont éloignées de plusieurs centaines de kilomètres, mais il existe une unité.
Lire ci-dessous l’article :
« Les Açores, une autonomie insulaire à 1000 kilomètres des côtes ».
NDLR
(1) Ce sera à la médiathéque de Baie-Mahault à partir de 8h30
PROGRAMME DE LA JOURNEE
8h30: Accueil des invités
9h-10h50: – Les mots de bienvenue de Madame le Maire de Baie-Mahault
⦁ Les organisations politiques
⦁ Le Président du Conseil Economique et Social Régional.
10h50-11h10: Pause
11h10-12h15: Les organisations syndicales et professionnelles.
12h15-13h15: Débat
13h15-14h30: Pause-repas
14h30-16h : Interventions des personnalités.
16h00-17h : Débat
17h00-17h30 : Restitution
très bonne mise en perspeKtive !