Le texte que nous publions a été envoyé par une lectrice. Son regard est intéressant, même si nous ne pensons pas comme elle que » la maîtrise des dirigeants est inexistante. » D’une manière générale nous pensons sur ce site que l’économie devrait être au service de la société et des hommes et pas l’inverse.
La question du travail et de la main d’oeuvre a été de tous temps, au coeur des enjeux politiques et économiques. Durant les siècles esclavagistes du « Nouveau Monde »; dans le système féodal de l’ancien monde la réponse était simple: ceux qui possédaient la terre seigneurs féodaux, maîtres des plantations, faisaient travailler pour rien ceux qui ne possédaient rien. Ak. L’humain valait peu, des bras, une force de travail. Des fortunes se sont ainsi construites.
Il y a un siécle et demi nous sommes sorties de la nuit esclavagiste pour accéder au « progrès social ». Les conditions de travail, le niveau de vie, de formation, de soins se sont améliorés au cours du XXeme siècle. Il y a eu des guerres, des luttes sociales.
Après dix années de XXIem siècle nous sommes à un tournant. La recherche de profit croissant dans des pays o๠la main d’oeuvre n’est pas chère nous raméne à la question fondamentale de la rémunération du travail et des conditions de travail. La stratégie pour maintenir des seuils de rentabilité élevés est assez simple: restructurer, remplacer les hommes par des machines, réduire la masse salariale et lorsque c’est possible délocaliser vers des pays o๠le co ût de la main d’oeuvre est bas. Toutes les entreprises n’ont pas cette stratégie, l’entreprise citoyenne, responsable et respectueuse, existe, mais reste très très minoritaires.
Depuis vingt ans une forme de précarité s’installe dans l’emploi privé et public, on voit des salariés dotés d’une bonne formation travailler pour mille euros par mois; moins lorsqu’ils n’obtiennent pas un temps plein. Le temps du progrès social céde la place à la régression sociale. Ci-dessous, le texte d’Aloés en appelle à de nouveaux modèles économiques et à la valorisation du capital humain. Que sortira-t-il de cette crise de la finance, de l’endettement et des taux de crédits ? Une autre relation au travail, peut-être, mais laquelle ?
par Aloés
La crise financière et économique, les dettes publiques qui ont engendré une perte de repères au niveau mondial tant pour les décideurs politiques, institutionnels, que pour les marchés n’a pas épargné le monde de l’entreprise.
En effet, en l’absence de visibilité, toute projection dans le temps pour les entreprises devient vide de sens tant le monde et surtout l’avenir est incertain.
Toute stratégie est désormais tributaire des marchés financiers et la maîtrise des dirigeants inexistante. Le moment est venu d’envisager des modèles économiques nouveaux et aussi un modèle d’entreprise nouveau.
La Guadeloupe n’échappe pas à cette réflexion de fond, à l’issue de laquelle nous devons faire émerger un changement profond et durable.
Le capital humain doit être non seulement une source de profits mais aussi une contribution à la valeur et à la pérennité de l’entreprise. Il est créateur .
Il doit être mis en valeur, transformé en compétence, et considéré comme un actif tant par les chefs d’entreprises que par les salariés eux-mêmes.
Le challenge auquel sont confrontées les entreprises (et aussi les nôtres) consiste donc à mobiliser l’ensemble du potentiel des hommes (et pas seulement leurs compétences) en les associant à leurs propres enjeux.
Cette mobilisation sera plus perceptible et nécessaire chez nous, eu égard à la composition de notre tissu économique (la prépondérance des TPE et PME) qui doit s’intégrer de gré ou de force à la mondialisation.
Après le capitalisme financier, les entreprises sont confrontées au défi du capital humain : voilà le nouvel effet de levier ! L’entreprise qui veut être pérenne, doit s’appuyer sur les hommes qui la composent.
La » guerre des talents » dans les entreprises prendra toute sa dimension stratégique.
L’entreprise d’aujourd’hui et surtout celle de demain, compétitive, est celle qui est la première à identifier un nouveau besoin, un nouveau produit, un nouveau procédé. C’est l’individu en tant que tel qui est la matière première de la compétitivité des entreprises.
L’importance du capital humain, de son augmentation, de sa valorisation et de sa capitalisation, devient l’un des enjeux majeurs de nos organisations.
Nous vivons la fin d’une époque. Nous assistons à la fin d’un modèle. Le modèle d’après, celui qui permettrait d’imposer de nouveaux équilibres, doit être créé.
Investir dans le capital humain: n’est ce pas l’investissement le plus productif de l’entreprise ?